“Plus c’est simple, mieux c’est.” Ce n’est sans doute pas le message qu’on pourrait attendre d’un chercheur. Mais en matière d’alimentation durable, la bio-économiste Tessa Avermaete (KU Leuven) s’en tient au principe KISS: ‘keep it short and simple’. Ou concrètement: communiquez de façon simple au sujet de l’alimentation durable et transmettez à la population des règles élémentaires concrètes.
Le danger insidieux de la complexité
Tout le monde a sa petite idée au sujet de l’alimentation et pourtant il n’est pas facile de définir l’alimentation durable. Tessa Avermaete: “Oui, il est nécessaire de simplifier la communication au sujet de l’alimentation durable. Autrement, les gens ne comprennent pas. Bien que des définitions comme celle de la FAO, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, soient complètes, je préfère la simplicité. Un système d’alimentation durable est un système qui consiste à produire des aliments sains et en suffisance pour aujourd’hui et demain. Tout est dit dans cette phrase. ‘Sains’ indique quelle sorte de produits nous devons produire. ‘En suffisance’ signifie que nous ne devons certainement pas produire moins. Si nous remplaçons certains systèmes alimentaires par d’autres, ils doivent rapporter suffisamment pour pouvoir nourrir tout le monde. Et c’est précisément cet aspect que les gens oublient parfois. Quand je dis suffisant, je ne pense pas seulement à aujourd’hui mais aussi à demain. Cela implique aussi qu’il faut utiliser les ressources naturelles de façon durable, qu’il faut tenir compte de la diversité, qu’il faut réduire les émissions, etcétéra. Simplicité et clarté sont nécessaires pour encourager un changement de comportement. Un changement de comportement n’est déjà pas facile en soi et la complexité ne facilite pas les choses.”
Tessa Avermaete - Bio-économiste KU Leuven
‘Sain’ est la règle élémentaire
Pour communiquer au sujet de l’alimentation durable, mieux vaut s’appuyer sur des exemples simples et des règles élémentaires que les gens peuvent appliquer concrètement, explique Tessa Avermaete. “Dans le cas de l’alimentation durable, la santé est l’une d’elles. Si vous mangez sainement en suivant les directives de la pyramide alimentaire, vous êtes déjà sur une très bonne voie. Mais attention aux boissons. De nos jours, on met très souvent en garde contre une consommation trop élevée de produits comme la viande, à juste titre d’ailleurs, mais il ne faut pas oublier les boissons rafraîchissantes ni l’alcool. Dans la pyramide alimentaire, ils figurent dans la boule rouge - ils ne contribuent en aucune façon à une alimentation saine – et on n’en parle pas assez.”
Production et consommation durable: une synergie
‘Si la production devient plus durable, la consommation suit.’ Tessa Avermaete n’est pas d’accord avec cette affirmation. “Il n’est pas facile de changer de comportement, tous les secteurs doivent apporter leur pierre à l’édifice. L’agriculture ne peut être considérée comme la seule responsable, bien que les choses soient souvent présentées comme telles. Pour atteindre un système alimentaire durable, l’ensemble de la filière doit collaborer et nous avons besoin de l’engagement de très nombreux acteurs en dehors de la filière alimentaire. Nous réalisons déjà beaucoup d’efforts actuellement, mais nous nous engageons encore trop peu dans une approche filière. Nous devons reconnaître la plus-value de chaque système et échanger notre expertise. Il n’y aura jamais de terme à ces efforts.”
Source: EMF factbook (2019) - Naar een duurzame zuivelsector in Europa: De rol van zuivel binnen een gezond en duurzaam voedingspatroon
